Candide : les chats sont les professeurs de la vie

afleurdepatoune
27 févr.
3 min de lecture

Une pédagogie innovante menée dans la bienveillance

Michèle Bourton est une femme à l'enfance bouleversée par l'horreur dans les années 60-70, au travers de tortures physiques et psychologiques, en proie à une mère instable et une société qui ne donne guère de crédit à la parole de l'enfant.

Véritable force de la nature, sa ténacité réside dans le réconfort que les chats - qui la visitaient lorsqu'elle était enfermée dans la cave - lui apportaient.

"Quand je serai grande, si je suis encore en vie, je vivrai avec des chats."

Michèle dépeint dans son autobiographie "À l'école des chats" son parcours scolaire et éducatif profondément chaotique, et révèle que les chats, ainsi que son père adoptif qui l'a tirée de son cauchemar éveillé, lui ont redonné goût à la vie, un véritable but.

Obtenant son bac à l'âge de 33 ans, elle ne sait trop où donner de la tête, mais finit par devenir enseignante pour aider à son tour d'autres enfants. Lasse du système scolaire perclus de défaut et inefficace, elle se lance dans la vie associative en créant, en 2012, "Candide", une pédagogie basée sur l'enseignement bienveillante et l'entraide (à l'instar de la pédagogie Célestin Freinet), mais surtout la "ronronthérapie".

Pour cette femme qui a été sauvée par les chats, elle est persuadée que ces derniers peuvent accompagner les enfants dans l'éducation à l'aide de leur présence apaisante, leur ronron réparateur et leur sagesse. En retour, elle compte sur les enfants pour apprendre à respecter le Vivant.

L'école Candide, c'est un petit établissement hors contrat qui fleurit doucement pour les élèves de primaire, collège et lycée. Sa différence avec la plupart des autres pédagogies innovantes, c'est que les programmes restent les mêmes que pour le système scolaire classique. Seules les méthodes d'enseignement diffèrent.

L'établissement devient alors à la fois école pour les enfants marginaux et refuge pour les chats errants. Pas plus de 15 élèves par classe, et une quinzaine de chats qui se déplacent librement dans tout le bâtiment.

Et c'est un succès ! Les élèves ont hâte d'aller à l'école. Pour ceux dont les parents craignaient l'échec scolaire, leurs notes s'envolent; et pour les enfants traumatisés par le système classique, leur confiance en eux est retrouvée.

Selon Michèle, qui a pu elle-même vivre cette expérience, les chats - à défaut de pouvoir enseigner l'histoire-géo - sont les meilleurs professeurs quant à la gestion des émotions, un des piliers de l'évolution chez l'Humain.

Une fin et un commencement pour Candide

L'école "Candide" n'aura malheureusement duré que 6 ans, faute de moyens et d'aide de l'État. Entre temps, les grands médias français ont pu propulser la pédagogie de Michèle Bourton dans la sphère populaire, contribuant à les mener elle et Céline Brusa, son adjointe, au siège de l'ONU de Genève pour y présenter leur école.

Le projet s'est révélé captivant, et la question fut soulevée : "Candide, ailleurs qu'en France ?"

Aujourd'hui Organisation Non Gouvernementale, l'association se tourne principalement vers l'Afrique pour mettre en lien l'éducation des jeunes et la faune locale dans des réserves naturelles et sanctuaires animaliers.

En tant que comportementaliste, je ne peux que saluer l'initiative de Michèle Bourton et admirer son courage et sa résilience.

Pour moi, les enfants et les animaux vont de paire, et les écoles ont tout à gagner à avoir des chats - si tant est que les établissements et l'Éducation Nationale s'engagent à mettre tout en œuvre pour garantir le bien-être des enfants, enseignants et chats.

Heureusement, Michèle détient le monopole de cette pédagogie après en avoir déposé le brevet. Ainsi, son œil expert et bienveillant peut juger si l'établissement respecte les codes de bienveillance qu'elle a mis en place.

Les chats dans les écoles ?